jeudi 30 mars 2017

" Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes" Charb


" Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes" est un texte de Charb, un des grands anciens de Charlie-Hebdo sauvagement assassiné dans l'attentat, mais c'est aussi un spectacle autour de la lecture de ce texte. Ce spectacle  devait être donné à Arras le deux mai prochain et il a été déprogrammé à la demande de la Ligue des droits de l'Homme et du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples.  Avec toujours ""cette vieille rengaine selon laquelle critiquer l'islam  en dénonçant  l'islamisme serait une forme de racisme . Oui , vous m'avez bien lu !

Quand les organisations antiracistes ou pour La Défense des droits de l'homme se font censeurs ...décidément, cette époque fait perdre bien des repères !!

Je crains d'être contraint de déchirer ma carte de la LDH...

" Arrête avec tes mensonges" de Philippe Besson


Lu " Arrête avec tes mensonges" de Philippe Besson , paru chez Juillard . Je n'avais encore jamais lu de roman de Philippe Besson- il en a pourtant déjà écrit pas loin d'une vingtaine !-, et des amis délicats , en m'offrant ce livre, m'ont permis de corriger cette erreur ou cet oubli. Philippe Besson est un romancier contemporain, homosexuel assumé, un homme libre de son temps. Dans ce roman autobiographique, il raconte son premier amour avec Thomas A. , à l'âge de 17 ans . On est dans les années 80, dans la petite ville de Barbezieux en Charentes, époque et lieu où l'homosexualité n'est sûrement pas facile à assumer. Les deux adolescents se cachent mais vivent une liaison courte et passionnelle détruite par la séparation des études supérieures à Bordeaux pour Philippe, quand Thomas, fils de paysan, reste à la ferme. Tout cela ne serait resté qu'un beau souvenir si le fils de Thomas, vingt ans plus tard, n'avait resurgi, par hasard, dans la vie de Philippe. La suite, vous la lirez dans ce beau livre émouvant , d'une grande tendresse et d'une belle humanité,  qu'on lit avec facilité.

J-25... Le premier tour de l'élection présidentielle approche à grands pas.


Les médias m'assaillent pour me demander ce que je pense de la décision de Manuel VALLS, annoncée ce matin, de soutenir Emmanuel MACRON, comme l'avait déjà fait Bertrand DELANOE il y a quelques jours.

Je n'ai pas répondu aux médias car je ne veux pas m'exprimer sous  la pression, dans l'instantanéité de l'émotion. Mais je veux essayer d'être clair, car un responsable politique, qui plus est élu du peuple et candidat aux législatives de juin prochain, se doit à la sincérité vis-à -vis de ses concitoyens.

Je suis un homme de Gauche depuis toujours, adhérent du Parti Socialiste depuis 44 ans. Ma Gauche à moi, elle n'est ni gauchiste ni social-libérale. C'est la  Gauche qui met les mains dans le cambouis et assume ses responsabilités pour faire avancer la société dans le sens de la justice et des libertés. C'est une Gauche de gouvernement, une Gauche réformiste, une Gauche social-démocrate, une Gauche progressiste. C'est la Gauche de Mitterrand et de JOSPIN qui ont été mes mentors en politique.

Eh bien, cet homme de la Gauche socialiste, militant depuis 44 ans, élu depuis 28 ans, parlementaire depuis 24 ans, est comme un grand nombre de Français, indécis.

À 25 jours du premier tour, je ne sais pas pour qui je vais voter.

Restons dans la sincérité : dans l'offre politique de cette élection, les deux candidats dont je me sens le plus proche sont Benoit HAMON  et Emmanuel MACRON . Ma Gauche à moi se situe entre les deux...je trouve le programme de BENOIT trop à Gauche économiquement et societalement, et celui de MACRON pas assez à Gauche socialement. C'est comme ça que s'exprime le fond de ma pensée et de mes analyses.

Et cette indécision se traduit par une hésitation entre deux votes : le vote de fidélité à mon maillot, comme on dit au rugby, à mon parti, à mes couleurs, c'est le vote HAMON. C'est celui vers lequel je me suis engagé en donnant mon parrainage à BENOIT et en faisant une conférence de presse pour lui donner mon soutien public,  d'abord parce que j'aime beaucoup l'homme, ensuite parce que c'était la règle que nous nous étions fixée lors des primaires. Et cela malgré mes réserves très fortes sur son programme.

Et le vote utile, celui qui pourrait me faire changer d'avis et accorder mon suffrage à MACRON. Car je veux continuer à être clair et sincère : je n'ai pas oublié le 21 avril 2002 et je ferai tout pour éviter que cette tragédie se renouvelle dans notre démocratie. J'ai la hantise d'un second tour Fillon-Le Pen, y compris parce que je pense que dans l'état actuel de l'opinion, ce second tour serait de tous les dangers pour la République. Je garde en tête, précisément, tout ce qui a été dit en 2002 avant le premier tour à propos du vote utile sur le thème " il n'y a aucun risque".

Eh bien je ne prendrai aucun risque, j'en préviens toujours en sincérité.

Aujourd'hui, rien ne semble accréditer ce risque, mais tout peut changer d'ici au premier tour, et donc, mon vote aussi.

Voilà pourquoi, je suis très sévère à l'égard de ceux qui rivalisent de violence verbale pour condamner les prises de position hier de Bertrand, aujourd'hui de Manuel. Qui sont-ils, ces excommunicateurs, ces gardiens d'un temple dont ils ne voient même pas qu'il est en ruines ? Pourquoi mettent-ils tant de passion à insulter l'avenir ?

lundi 27 mars 2017

Lu "Bilqiss" de Saphia Azzeddine dans la collection "J'ai lu".


Dans un pays indistinct -on a l'embarras du choix, hélas- où la charria est appliquée avec une rigueur brutale, une femme, Bilqiss,  est emprisonnée pour avoir lancé l'appel à la prière à la place du muezzin défaillant. La jeune femme, il est vrai, est une femme libre et provocatrice, qui ne rechigne pas à la tentation de dénoncer les incohérences et excès du totalitarisme islamiste. Le tribunal populaire du village exige sa mort par lapidation. Mais le juge fait durer le procès d'une façon inexplicable. Jusqu'à avouer son amour pour la prisonnière.

Mais celle-ci refuse de céder à un chantage affectif qui, pourtant, lui sauverait la vie.

C'est très facile à lire bien qu'un peu répétitif, et la fin est inattendue pour un roman si engagé et poignant.

21 rue de La Boétie


J'ai profité d'un séjour à Paris afin de défendre le dossier de l'hôpital de Lannemezan auprès de la Ministre de la Santé, pour faire un saut au musée Maillol et voir l'exposition « 21 rue de La Boétie » en hommage à Paul Rosenberg , qui fut l'un des plus grands marchands d'art de l'entre-deux-guerres, expo réalisée à partir du livre éponyme dont l'auteur est Anne Sinclair, petite-fille de l'intéressé.

Cette expo permet de voir de beaux Picasso, Matisse, Braque, Léger et Marie Laurencin, dont un portrait émouvant d'une petite fille de 4 ans aux yeux bleus, très bleus, Anne Sinclair  justement.

Mais l'intérêt de l'expo vient, plus encore, d'ailleurs : le 21 rue de La Boétie, en 1940, l'adresse de la galerie de Paul Rosenberg et les allemands y ont installé un centre d'études sur les juifs de la plus abjecte inspiration. Et Paul Rosenberg, comme beaucoup de juifs, a été spolié de ses biens, de nombreuses et magnifiques œuvres d'art. L'expo décortique les mécanismes de cette spoliation avec précision et émotion. 

samedi 25 mars 2017

Faut-il interdire les signes religieux dans les entreprises ?


(article rédigé à partir du sujet de l’émission de RFi du 20 mars).



Quand des questions relatives à l’expression de convictions religieuses sont posées dans les entreprises, a fortiori si elles le sont sous le coup d’une offensive du radicalisme…, il ne faut pas dramatiser en disant qu'il y a des problèmes qui se posent partout avec une violence inouïe. Mais il y a des problèmes qui se posent et il ne faut pas se masquer les yeux, il faut les regarder tranquillement, sereinement et lucidement. Je vais prendre deux exemples que j'ai vécu comme législateur, deux exemples très différents mais qui posent la même question. Un exemple d'une crèche dont vous avez entendu parler qui s'appelle Baby loup, dans les Yvelines, tenue par une jeune femme originaire d'Amérique du Sud, très courageuse, qui avait monté une crèche, cette crèche Baby Loup faite pour les personnes de quartiers populaires des Yvelines, une crèche qui travaillait 24h/24h c'est à dire au fond très adaptée à des boulots de femmes de ménage, très tôt le matin, ou très tard le soir, une crèche qui travaillait en 3-8 et qui rendait des services considérables. Un incident survient : une de ses salariées qui était partie en congés revient voilée de la tête aux pieds –ce qu’elle n’avait jamais fait avant !- dans une sorte de provocation. La directrice de la crèche lui dit: "non c'est pas possible, ici c'est un espace laïque, on reçoit des gens de toutes les confessions, on reçoit des gosses en très bas âge, c'est une sorte de service public, même si ça n'est pas un service public au sens juridique du terme...". Et l'affaire part en conflit devant la justice, où elle a trainé pendant des années, pendant 4, 5,6 ans jusqu'à ce que la cour de cassation, in fine, tranche en faveur d'ailleurs de la directrice de la crèche en allant dans son sens en disant: on peut interdire.

Mais cela avait duré beaucoup trop de temps parce que justement la loi n'était pas claire et que des tribunaux avaient jugé de manière différente le sujet.

Deuxième exemple, une entreprise très connue de collecte et de traitement des déchets qui s'appelle PAPREC, avec des milliers de salariés, des dizaines de nationalités parmi les salariés et qui décide de négocier, dans le règlement intérieur de l'entreprise, avec les syndicats des salariés une Charte de la Laïcité. Et cette Charte est adoptée par un referendum dans l'entreprise à l'unanimité : tous les syndicats la votent, et ça se passe très bien.



Oui mais cette Charte, de fait est fragile juridiquement, au sens où l'entreprise PAPREC est un lieu privé où les règles de laïcité ne s’appliquent pas. C'est pour cela qu'avec d'autres parlementaires, notamment Françoise Laborde sénatrice de Haute-Garonne avec qui je travaille beaucoup sur ces problèmes de laïcité, nous avons voulu, dans une loi que vous connaissez bien puisqu'elle a défrayé la chronique pendant des mois et qu'elle continue, la loi El Khomri du 8 août 2016, nous  avons voulu proposer une disposition qui mette fin à ces atermoiements d'un côté ou à ces illégalités de l'autre. Il ne s'agit pas d'interdire, mais il s'agit de ne pas s'interdire d'interdire.





Parlons donc de cette notion d’ « interdit ».



Il faut savoir que quand on parle des valeurs de la République et la Laïcité en est une fondamentale, il y a toujours eu deux écoles extrêmes : ceux qui maniaient l'interdit matin, midi et soir si vous voyez ce que je veux dire, surtout quand ils regardent une religion, une seule: interdire, interdire, interdire le voile le matin, le midi et le soir. La passion de l'interdiction.

Puis il y en a d'autres qui ont, au contraire la passion de la Liberté: tout autoriser, y compris ce que l'on a connu dans l'idéologie de 68, il est interdit d'interdire.

Et bien la République c'est un subtil équilibre entre les deux ! Il ne s'agit pas d'interdire tout, il ne s'agit pas de permettre tout, il s'agit de permettre et parfois d'interdire. Et la République doit se donner les moyens d'interdire. Et c'est ce que nous avons fait dans cet article de la loi El Khomri. On a dit que le règlement intérieur peut, non pas doit, mais peut contenir des dispositions portant restriction de liberté religieuse, et il dit les conditions dans lesquelles on pouvait le faire:

1. Si ces restrictions sont justifiées par l'exercice d'autres libertés, c'est toujours: ma liberté finit la où commence celle des autres, donc un conflit entre des libertés.

2. si c'est lié au bon fonctionnement de l'entreprise et à condition que ça soit proportionné au but recherché.

Voilà l'équilibre qu'on a trouvé. Donc il s'agit de dire : oui c'est possible, ça veut pas dire qu'il faut le faire tout le temps, ça ne veut pas dire qu'il ne faut jamais le faire, ça veut dire qu'il faut le faire avec raison et rationalité.

Et je crois que, ce faisant, nous avons fait progresser la Laïcité dans le droit français alors que certains nous assenaient que légiférer en la matière était … interdit !

vendredi 24 mars 2017





Hier soir , je suis allé à Laurède, petit village de Chalosse, au domicile d'Henri EMMANUELLI, lui dire un dernier au revoir et embrasser sa femme et ses enfants avec lesquels tant de souvenirs anciens ont resurgi ... j'ai été très ému, notamment , de constater que sur la page Facebook de son fils Antoine, la photo d'Henri qu'il a choisie pour illustrer un portrait bourré  de tendresse de son père se situe sur un voilier et  date d'une croisière en Grèce où j'avais entraîné nos familles dans les années 80. Souvenirs, souvenirs...



Mais surtout, me recueillant devant le visage apaisé d'Henri, je pensais à cette fâcheuse tendance de la vie politique qui ne retient que la face "publique" des hommes sans imaginer, jamais, leur face privée :  cet homme-là n'était pas seulement un homme sévère et dur, ferme et intransigeant sur ses convictions, il n'avait pas seulement une personnalité écrasante et une autorité naturelle impressionnante, il était aussi un père et un grand-père  au cœur tendre,  pétri d'humour, capable de déconnade, passionné de culture et de lecture, fana d'informatique et de digital depuis des années , visionnaire quand , par exemple, il a décidé de construire un "village-Alzheimer" dans les Landes.



Cet homme-là était un ours du Béarn côté pile, un grand tendre côté face.

Mais qui le savait ?

mardi 21 mars 2017

Disparition d'Henri EMMANUELLI

Grande tristesse. Je l'avais connu dans les années 70 de la conquête du pouvoir par la Gauche. Il était un fidèle de MITTERRAND dont j'étais le collaborateur. Longtemps, nous avons eu l'habitude de nous retrouver tous les trois dans les Landes l'été pour des déjeuners chaleureux chez les uns ou les autres. Une personnalité écrasante, une autorité naturelle indéniable, la voix grave d'un orateur hors pair, Henri était un homme de conviction, un gestionnaire rigoureux et moderne du département des Landes, doté d'une belle culture personnelle. Fils d'un ouvrier communiste mort électrocuté sur un poteau électrique quand il avait 11 ans, il était fidèle à ses racines. Sévère, exigeant, il l'était même avec ses amis les plus proches .
Je veux dire à Nita, sa femme, Laetitia et Antoine ses enfants, mes pensées très attristées et affectueuses.

vendredi 17 mars 2017

La Grande Librairie

Les soirées où l'on se retrouve chez soi et où l'on a le temps et l'envie de regarder la télévision sont si rares dans ce monde de brutes ! Et quand , de surcroît c'est d'un jeudi qu'il s'agit et que l'on peut profiter de " La grande librairie" , on se prend à imaginer d'émarger aux rangs des privilégiés. Hier soir, Francois  Busnel avait invité pour un débat sur la littérature deux romanciers français contemporains et pas des moindres : Laurent Gaudé et Philippe Djian. Un pur régal. Les deux hommes sont si différents ! Gaudé , romantique qui raconte des histoires où les beaux sentiments deviennent des valeurs - même s'il récuse le terme-, Djian , romancier de la violence pour qui les histoires ont tellement peu d'importance qu'il n'en connaît pas la fin quand il en commence une. Mais les deux hommes , en débattant , ont révélé plus d'un point commun ! Écrivains de leur temps, écrivains dans leur monde. L'un , Gaudé, pour qui la littérature sert à ralentir le monde et l'autre, Djian, pour faire un pas de côté. J'ajouterai " et pour lever la tête pour observer le monde et la société , et réfléchir . Avec l'idée que la littérature sert à mieux vivre . Bref , un débat superbe et enrichissant.
Et , mauvais esprit politique, je me prends à rêver que la culture prenne plus de place - ça ne serait pas très dur ! - dans la campagne présidentielle ....

mercredi 15 mars 2017

Transparence, transparence...




Je ne me suis jamais acheté un costume à plus de 800 euros et n'ai jamais compté parmi mes amis les plus proches de généreux donateurs pour m'habiller chez un grand couturier parisien. Entre très bons amis, on se paye un repas ou une bonne bouteille, une place de rugby ou un bon bouquin.  Dans ma circonscription, je reçois souvent des cadeaux de mes électeurs : on vient m'y déposer délicatement un cageot de cèpes cueillis le matin , un foie gras fait maison, une bonne bouteille ou une boîte de chocolat. Il faut connaître l'importance culturelle de la bouffe dans le sud-ouest pour comprendre... je n'ai pas souvenir qu'un seul de ces cadeaux ait pu dépasser la valeur de 100 euros.
Au-delà des obligations légales ( déclarations de revenus comme tous les citoyens , de patrimoine ou d'intérêts imposés aux élus) , je publie depuis des années dans mon compte-rendu de mandat annuel la liste de mes collaboratrices et sur mon site l'affectation de ma réserve parlementaire.
Je ne suis surtout pas donneur de leçon de morale et je suis prêt à faire plus si on me le demande. Si l'on veut fiscaliser mon indemnité représentative de frais de mandat, cela ne me gênera aucunement : dans une circonscription de presque trois cent communes - dont beaucoup de montagne !- que je sillonne en voiture à longueur d'années et avec une vraie permanence parlementaire où travaillent trois collaboratrices, justifier de mes frais ne serait vraiment pas un problème . Simplement je mets en garde : qui contrôlerait ça ? Le fisc comme tout le monde me repondra-t-on.. donc le pouvoir exécutif.  Vous voyez le fisc me dire : qui avez-vous invité à ce restaurant ? Un maire, des maires? Lesquels ? Et pourquoi ? Et c'en sera fini de la séparation des pouvoirs. Pas si simple. Sans parler de la course à la note de frais qui agrémentera la vie du député sur le terrain ...
Mais il y a plus grave et c'est ce qu'exprimait avec une grande pertinence ce week-end dans la Dépêche du midi le philosophe Raphael ENTHOVEN : " ... nous vivons sous l'illusion qu'un surcroît de transparence est de nature à révéler ce qu'on nous cache et, par là-même , à dissiper le soupçon. Or les Français ne sont pas moins suspicieux depuis qu'ils connaissent le patrimoine de leurs Ministres ( ou, j'ajouterais, de leurs parlementaires..). Ce qu'on leur montre donne avant tout le sentiment qu'on leur cache le reste. La transparence échoue , immanquablement, à renouer le lien de confiance ente le peuple et les "élites "( ainsi désignées par le peuple lui-même) . Car la transparence n'est pas un remède, mais une idole qui a soif de soupçon et qui ne sera jamais satisfaite. (....) Jusqu'où faut-il se méfier ? C'est, à mon sens, la grande question démocratique " .
Bien vu, bien senti. Mais pas assez démagogique pour convaincre, sans doute.

mardi 14 mars 2017

La Cour de Justice de l'Union Européenne a donc décrété que les entreprises avaient le droit d'interdire le port de signes religieux à leurs salariés.


C'est une bonne nouvelle pour la laïcité. J'avais d'ailleurs exploré cette voie avec ma collègue sénatrice Francoise LABORDE, dans les débats sur la fameuse loi El KHOMRY en proposant un amendement - finalement adopté avec l'aval du gouvernement - insérant cette disposition dans le droit français. Je souhaitais que celui-ci tire les leçons d'exemples concrets, celui de la crèche Baby Lou, bien sûr , qui avait attendu des années avant d'être confortée par l'arrêt de la Cour de cassation, ou celui de l'entreprise Paprec qui avait négocié en interne une charte de la laïcité qui avait jusqu'alors toute chance d'être illégale. Je n'aurai pas l'outrecuidance de rappeler ici les réactions de ceux qui voulaient nous empêcher de légiférer, qui dénonçaient cette intolérable atteinte à la liberté d’expression, de tous les comités qui inventent des phobies pour mieux attenter aux valeurs de la République...

La Cour Européenne nous donne raison et c'est une bonne nouvelle pour la République laïque. Après tout, il n'y a pas tant de bonnes nouvelles qui nous arrivent de l'Europe par les temps qui courent ...

J'ajoute un deuxième message : on parle beaucoup d'abrogation de la loi El KHOMRY dans la campagne présidentielle. Que ceux qui ont ce projet radical aient au moins la sagesse de préserver dans celle-ci les mesures qui, comme celle-ci, représentent de vrais progrès. Il y en a d'autres...

lundi 13 mars 2017


Cette campagne électorale de l'élection présidentielle, à 42 jours du premier tour, n'en finit pas de décevoir.

J'ai été très marqué, autant le dire, par les réactions des porte-parole de l'équipe de BENOIT HAMON après l'annonce de la décision de Bertrand DELANOE d'apporter son soutien à Emmanuel MACRON.

Qu'ils aient été déçus, je le conçois fort bien. Mais ça ne justifie en rien les déclarations incroyablement agressives et, pour tout dire, médiocres, des attaques personnelles d'Aurélie Filippetti ou Jean-Marc Germain à l'égard de l'ancien maire de Paris. C'était d'autant plus idiot et contre-productif que celui-ci s'était placé délibérément sur le terrain du débat d'idées et de la pédagogie. Leur donnant, au passage une drôle de leçon en matière de comportement politique.

BENOIT n'est pas gâté avec des porte-paroles comme cela... il mérite mieux.

Changement de temps et dimanche pluvieux sur le sud-ouest. Profitons-en pour voir un joli spectacle chorégraphique du ballet du Capitole à la Halle aux Grains de Toulouse, spectacle concocté par l'ami KADER BELARBI autour de William Forsythe et de ses élèves, David Dawson et Jacopo Godani.  Le premier ballet, " A million kisses to my skin" de Dawson sur le concerto pour clavier en ré  mineur de Bach est gai, enlevé, harmonieux. Il évoque ce sentiment de bonheur complet que peut éprouver le danseur dans son travail avec une réelle allégresse.

Le deuxième ballet est de Forsythe, justement : " The vertiginous thrill of exactitude " sur une musique de Schubert. C'est un ballet technique, très technique. Et, du coup, il sera un ton en-dessous du reste du spectacle. Ce qui me fera dire que KADER BELARBI, dans la subtilité de la conception du spectacle, a voulu démontrer que les disciples avaient dépassé le maître.

Mais KADER, lors du verre d'après-match, m'expliquera que l'explication était beaucoup plus prosaïque que cela : la maison Forsythe est tellement exigeante que le choix n'est pas si libre...

Vient enfin le troisième ballet : A.U.R.A. ce qui signifie Anarchist Unit Related to Art de Jacopo Godani sur une musique de Ulrich Müller et Siegfried Rössert. Parlons de cette musique moderne et rugueuse. Une de ces musiques qui nous feraient zapper une station de radio pour une autre sans hésitation. Seulement voilà : Godani, italien de La Spezia, est passé par là et a créé une chorégraphie tellement en phase avec cette musique qu'elle tire celle-ci vers le haut. En rythme comme en harmonie, c'est un ballet qu'on qualifiera de "physique". Et la même conversation avec KADER et ses amis maîtres de ballet m'apprendra que Gadoni travaille comme cela justement, créant les pas d'abord, à charge pour les musiciens de caler leur musique sur ce premier travail. Et ça donne un très beau résultat.

KADER BELARBI et le ballet du Capitole à Toulouse, sont désormais une valeur sûre.

dimanche 12 mars 2017


Il faisait, ces jours derniers, un temps incroyablement printanier et même estival sur notre Bigorre. Jusqu'à 26 degrés dans mon jardin. Tout fout le camp ... Hier je suis allé marcher le long de l'Adour qui, d'ailleurs, avait bien grossi : forcément, avec ce soleil et ces températures, la fonte des neiges est entamée ! Il faisait si bon, deux canards dont un colvert jouaient avec le courant,  et je me suis arrêté  pour observer un long moment leurs mouvements élégants. La nature nous purge des misères du monde.

mercredi 8 mars 2017

Lu " Le cas Malaussène" de Daniel Pennac, paru chez Gallimard.


Je suis très embarrassé au moment de porter un jugement sur ce livre, car j'apprécie son auteur, sympathique et chaleureux, gai et entraînant et que j'avais  plutôt accroché à ses livres il y a quoi, une vingtaine  d'années, alors que ma première tentation devant celui-ci tend vers une forme de sévérité.

Certes le livre est toujours gai et déjanté, bien écrit et vivant. Son intrigue, construite autour d'un enlèvement "caritatif" d'un homme d'affaires dont la rançon exigée par les ravisseurs s'élève au montant de la retraite chapeau qu'il s'est fait voter par son conseil d'administration, avant d'être redistribuée aux pauvres du pays, a un côté "Zorro des temps modernes" plutôt amusant. Mais...mais il est tellement décousu !  Franchement, on a un mal fou à rentrer dedans tant il se disperse. Au fond , j'ai l'impression que Pennac a un petit peu cédé à une sorte de pêché de vanité, s'imaginant que tout le monde - le lecteur d'aujourd'hui en tout cas - se souvient du Malaussène d'il  y a 20 ans ( et plus !) , de sa famille et de ses membres si nombreux et si divers, de leurs surnoms si cocasses qu'ils ont tous une explication très ancienne, de leurs parcours si originaux , et que l'on pourrait reprendre ce fil comme si on l'avait quitté hier soir. Eh bien, non, on ne se souvient pas de tout, loin de là ! Et on est un peu paumés. Beaucoup même. Monsieur Malaussène a mal vieilli.

lundi 6 mars 2017

Vu "Elle" ,


le film du cinéaste néerlandais Paul Verhoeven, avec Anne Consigny, Charles Berlingot, Laurent Laffitte, Virginie Efira et, surtout , l'incroyable Isabelle Huppert dont on comprend, en voyant le film, pourquoi elle a reçu tant de récompenses et de prix  pour ce rôle.

 "Elle" est un thriller même si le suspens n'est ni insupportable, ni le cœur du film. Un thriller organisé à  partir d'une histoire de viol, celui de Michèle (Isabelle Huppert) une chef d'entreprise de jeux vidéo, un viol  autour duquel s'expriment une série de fantasmes sexuels, de sentiments pervers violents et mêmes criminels, aussi bien que de passions et de pulsions, de dénis et de provocations : Michèle part à la recherche de son violeur, le provoque au péril de sa vie, le retrouve et va alors s'installer entre eux une relation invraisemblable dont on ne dira pas comment elle se termine. Tragiquement.

Ce qui touche dans ce film, c'est que l'approche des pratiques sexuelles est à la fois très égalitaire entre les hommes et les femmes, et pas du tout enfermée dans les stéréotypes. Quitte à flirter avec le malsain. 

C'est un très beau film, lourd et si bien joué.



Il y a quelques années, lorsque Sarkozy pratiquait l'ouverture politique avec le succès que l'on sait, j'avais beaucoup apprécié le mot d'un dirigeant de la Droite qui avait émis l'espoir que " cette ouverture puisse concerner jusqu'aux ....sarkozystes "!

Aujourd'hui, appréciant à juste titre les efforts de BENOIT HAMON de rassembler la Gauche, j'émets le vœu parallèle : qu'il n'oublie pas de  commencer par rassembler les socialistes ! Qu'il parle à Mélenchon ou Jadot, soit. Mais qu'il n'oublie pas de parler à celles et ceux qui ont participé à la primaire, même s'ils n'ont pas voté pour lui....

BENOIT fait souvent allusion aux propos de MITTERRAND sur le " talisman" de l'Union. Mais qu'il n'oublie pas la méthode de MITTERRAND : " d'abord rassembler les socialistes, puis rassembler la gauche pour rassembler la France ".

dimanche 5 mars 2017

Je regarde Fillon au journal de France 2 en ce dimanche soir.


Ce qui me frappe, c'est le cran avec lequel il expose qu'il reconnaît ses fautes, qu'il qualifie, lui de " morales"  et, en même temps, que cela ne saurait avoir la moindre conséquence politique...

Mais ce qui me navre, surtout, c'est que depuis plusieurs semaines, on ne parle que de ça ! Et que la campagne électorale de la présidentielle n'est plus, lue, vue, retranscrite qu'à travers le prisme de " l'affaire" Fillon. Et qu'ainsi la France et les français sont, pour l’instant, privés du débat d'idées pourtant si essentiel à notre démocratie. Allez-vous étonner, avec ça, que près d'un français sur deux soit encore indécis !