mardi 28 février 2017

À l'occasion du salon de l'agriculture, dîner avec les éleveurs de porc noir de Bigorre

L'histoire du "Noir de Bigorre" est une success-story qui vaut la peine d'être racontée. Cette race de cochons, qui porte bien son nom (les bêtes sont noires !) et dont le cœur du bassin de production se situe dans les Hautes-Pyrénées, même s'il déborde sur le Gers et la Haute-Garonne, était en voie d'extinction il y a 35 ans. En 1981, restait une dizaine de producteurs, une trentaine de truies et trois mâles, quand la Chambre d'Agriculture de notre département, appuyée par les élus, a décidé de sauver la race.
En 2017, il y a un millier de truies, près de 12.000 cochons, 60 producteurs, une centaine d'emplois et un chiffre d'affaires consolidé de 14 millions d'euros. Quelle a été la clef de cette réussite ? L'alliance gagnante entre la qualité - ces cochons, élevés en plein air, avec une alimentation naturelle très rigoureuse, donnent des jambons qui gagnent tous les concours internationaux devant les grands noms espagnols - et l'organisation collective autour d'un groupement de producteurs et d'un consortium très dynamiques. Et la réussite économique est au rendez-vous, avec des revenus assurés pour les agriculteurs, ce qui tranche notoirement avec un discours misérabiliste sur l'avenir de l'agriculture française.
À quoi j'ajoute un élément supplémentaire : le Porc Noir de Bigorre est un produit tout à fait identitaire pour notre territoire, un élément de rayonnement et de fierté pour la Bigorre. Allez ! Tout n'est pas noir. Et quand le cochon est noir, l'avenir est rose ...

jeudi 23 février 2017

Lu " Danser au bord de l'abîme" de Grégoire Delacourt paru chez Lattes.


J'avais bien aimé " la liste de mes envies ", le premier roman de Delacourt, très facile à lire, léger et tendre, et j'avais envie d'y revenir tôt ou tard. " Danser au bord de l'abîme " est l'histoire d'une femme de la quarantaine, mariée et mère de trois enfants, genre classe moyenne du nord de la France,  qui voit ce qu'on a coutume d'appeler un " coup de foudre " et plaque tout du jour au lendemain. Sauf qu'à peine vécu, ce coup de foudre va connaître une évolution tragique. On retrouve une écriture très facile à lire, légère et  prenante d'entrée de jeu. Mais l’affaire, après 100 pages assez captivantes, tourne un peu, beaucoup en rond, au point qu'on se demande si ce délayage n'obéit pas, d'abord à quelque considération liée à la recherche du grand tirage...comme si l'auteur tombait dans la facilité.

Charlie-Hebdo prend, à l'approche de l'élection présidentielle, une heureuse initiative en matière de laïcité, le beau combat de l'hebdomadaire endeuillé. Il interpelle les candidats pour leur soumettre trois engagements :

- ne pas toucher à la loi de 1905 dite " de séparation des églises et de l'Etat"

- ne faire adopter aucune loi visant à introduire des " accommodements " à l'égard de quelque communauté religieuse que ce soit.

- ne jamais faire adopter, non plus, une législation introduisant un " délit de blasphème ".

Franchement, c'est ce que j'appellerai un " mini-programme laïque " qui n'est ni irresponsable, ni jusque-boutiste. J'y souscris sans réserve bien sûr et je serai très attentif à ce que répondront les candidats à Charlie.

lundi 20 février 2017

Présidentielle, J-63 : HAMON, par la force de la raison.

Je suis surpris des appels que je reçois sur le thème "Et toi, et vous, qui soutiens-tu, qui soutenez-vous ?", signe évident du délitement de la vie politique française, comme si les principes et la cohérence n'existaient plus. Alors, je m'explique : je suis membre du Parti Socialiste depuis 1973 et si vous comptez comme moi, cela fait donc 43 ans. Cette adhésion ne m'a nullement été dictée, encore moins imposée, elle est librement consentie. C'est, pardonnez-m'en, un engagement de conviction. Pour autant, je ne suis nullement enrégimenté : adepte sans réserve de la philosophie des Lumières, je garde ma raison indépendante, mon libre-arbitre et mon esprit critique. Et, pour être franc, par les temps qui courent, cet esprit critique a bien du travail ! Mais que voulez-vous, ce parti a tous les défauts du monde, il est même en état de mort clinique que, seuls, ses dirigeants ne veulent pas voir, mais c'est mon parti.
Or, appartenir à un parti ou à une organisation collective quelle qu'elle soit, c'est accepter ses règles de fonctionnement, c'est adopter une discipline collective librement consentie. Je le fais sans mal parce que c'est ma nature - ma pratique des sports collectifs, du rugby en particulier, ou de la voile en équipage m'ont donné, tout petit, la culture du "collectif" - et sans problème philosophique majeur dans la mesure où j'appartiens à un parti démocratique où le vote et le fait majoritaire sont nos règles de fonctionnement collectif de base. Et comme je suis aussi de nature humble, j'ai toujours pensé que l'intelligence collective était supérieure à ma petite intelligence personnelle. Et je l'ai fait pendant 43 ans sans défaillance, même quand cela m'en coûtait : faut-il rappeler 2007 ? Je n'ai jamais caché mes réserves, pour ne pas dire plus, sur la candidature de Ségolène Royal. Mais ça ne m'a pas empêché de sillonner la France pour faire 50 réunions ou plus pour défendre sa candidature ! Comme tous les dirigeants socialistes. Ça ne l'a pas empêché, elle, de proclamer que sa candidature avait été sabotée par les dirigeants socialistes, contre toute évidence. Mais les médias ont "gobé" sa thèse.
Et je l'ai fait - appliquer cette discipline collective librement consentie - sans aucune exception, quoiqu'il m'en coûte. J'en profite pour rappeler qu'en 1988, pour ma première candidature aux élections législatives dans les Hautes-Pyrénées, j'ai été battu par un "dissident" socialiste soutenu par une alliance contre nature de quelques socialistes, communistes et appareils de droite. Depuis, j'ai la dissidence en horreur...Et j'ai toujours refusé de soutenir les dissidents - en France ! - quoi qu'ait pu en dire la même Madame Royal, qui m'a accusé d'être "l'âme" du complot de La Rochelle - vous savez, chez ces gens-là, on ne perd pas, on est victime d'un complot … - contre toute réalité et contre toute évidence, et qui avait exigé - contre toute justice - que le pouvoir m'en sanctionnât. Et le pouvoir, si peu républicain, obtempéra...
Pourquoi vous dis-je tout cela ?
Pour vous dire que je n'ai pas l'âme frondeuse et que je suis profondément respectueux du fait majoritaire. Si j'osais un trait d'humour, je dirais que je ne serai pas le frondeur de HAMON...
Et, donc, mon parti s'étant fixé des règles démocratiques, et notamment ces fameuses primaires à l'égard desquelles j'ai plus d'une réserve - mais on en reparlera plus tard -, mon devoir est de respecter celles-ci et leurs résultats. C'est aussi simple que cela.
HAMON, donc, par le respect des règles que j'ai librement acceptées.
Alors, on me dira à juste titre que je n'ai pas caché, lors de la primaire, mes divergences politiques avec BENOIT pour qui, je le répète, j'ai beaucoup d'estime, de respect et d'amitié. Ces divergences sont réelles, et n'ont pas, hélas, disparu. C'est surtout sur la conception de la République qu'elles portent, sur le fait que celle-ci n'est pas faite que de droits mais aussi de devoirs, et qu'il n'est pas interdit d'interdire pour protéger les libertés. Elles portent aussi sur le réalisme économique : je ne peux pas accepter l'idée qu'il n'y a pas de dette en France et que celle-ci ne soit qu'une vue de l'esprit négociable avec les banquiers. Mais, bon. Soyons clairs : je ne vois aucun autre candidat qui réponde plus et mieux à mes convictions. Donc HAMON, aussi, par comparaison.
Reste un point : BENOIT veut rassembler la Gauche, et il a bien raison. Mais accepterait-il l'idée que rassembler la Gauche commence par rassembler les socialistes ? Il vient de déclarer qu'il ne ferait pas la course derrière Mélenchon. Il est temps ! Car, franchement, depuis 3 semaines, on avait vraiment ce sentiment ... tandis qu'on attend toujours qu'il fasse le moindre geste à l'égard des 42% des électeurs de la primaire qui n'ont pas voté pour lui. Je pense que c'est une faute politique, et même stratégique : pour rassembler la gauche, il faut d'abord rassembler les socialistes !
Alors, HAMON par raison, HAMON par comparaison...il reste à BENOIT de nous donner l'envie de voter pour lui par envie. Qu'il nous dise, par exemple, qu'il a besoin de nous ...

Mort de Xavier BEULIN, Président de la Fnsea

J'ai bien connu ce dirigeant du syndicalisme agricole qui était un homme sérieux, courtois et aimant le dialogue. Ferme mais respectueux. A la tête d'un puissant groupe économique dans le domaine des oléoprotéagineux, il symbolisait toute les réussites de l'agro-industrie, avec les fragilités qui les accompagnent. J'éprouve une vraie tristesse en pensant à nos nombreux échanges, toujours francs et constructifs, et tiens à dire à sa famille et à ses proches mes pensées solidaires et chaleureuses.

Mes dernières lectures

 1. Lu "L'odeur de la forêt" d'Hélène Gestern, paru aux éditions Arléa. J'avais beaucoup apprécié le livre précédent d'Hélène Gestern, "Eux sur la photo", un roman bourré de sensibilité et de tendresse paru en 2011, et j'attendais avec impatience le nouvel ouvrage de cette femme qui est aussi universitaire puisqu'elle est enseignante-chercheuse à l'université de Nancy. Historienne autant que littéraire, elle est une grande spécialiste des correspondances, des journaux intimes et ,en particulier, de l'histoire des photos et des cartes postales. C'est d'ailleurs à se demander si ce dernier ouvrage n'a pas une part autobiographique forte : son héroïne, Elizabeth, est une historienne de la photo qui mène une enquête complexe et douloureuse sur un aspect méconnu de la Première guerre mondiale - les exécutions disciplinaires abusives dans les tranchées pour mater toutes formes de résistance aux ordres - , sur la base d'une correspondance partielle, d'un journal intime qu'il faut décoder, de clichés clandestins. Le récit est complexe, riche, divers, mêlé à une vie personnelle douloureuse, et célèbre à sa façon ce devoir de mémoire trop souvent minoré. C'est très bien écrit, avec une grande richesse de vocabulaire, et c'est un travail précis, méticuleux, presque universitaire. Mais aussi très tendre et c'est ce qui fait sa force.

2. J'ai profité de ce week-end studieux pour relire "Qu'est-ce qu'une nation ?", la conférence donnée à La Sorbonne le 11 mars 1882 par Ernest Renan. Une trentaine de pages formidablement pédagogiques et, je le crois, toujours d'une remarquable actualité. On se souvient de la thématique de Renan : la nation n'est fondée ni sur les dynasties, ni sur la race, pas plus sur la langue, la religion ou la géographie, non, la nation est une âme. Un principe spirituel reposant sur deux piliers inséparables : l'histoire et ses combats douloureux et glorieux, et le présent d'une volonté collective de vivre ensemble. Je suis, plus que jamais, un adepte de la philosophie politique de Renan exposée dans ce texte.

mercredi 8 février 2017

8 février 2017


Lu " l'homme au défi des crises" de Didier Le Bret aux éditions Robert Laffont. DIDIER Le Bret est un diplomate qui fut notamment ambassadeur en Haïti lors du dernier et terrible tremblement de terre qui a meurtri ce pays. Il a ensuite dirigé la cellule de crise du Quai d'Orsay avant de devenir coordonnateur national du renseignement. Il livre ici un essai original et facile à lire sur la notion de crise, dans toute sa variété et sa diversité , politique, militaire, économique, écologique, sanitaire ... mais le sous-titre du livre, " pourquoi le pire n'est jamais certain" éclaire cet essai d'un optimisme raisonnable. DIDIER Le Bret, comme Michel Serres, insiste sur le fait que le monde n'a jamais été si apaisé, que le nombre de victimes de morts violentes ne cesse de décroître, de même que la pauvreté, et il esquisse quelques pistes de solutions d'avenir dont des réflexions utiles sur la société de l'éducation.

Lu aussi " Thea" de MAZARINE  PINGEOT aux éditions JUILLARD. J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, dernier roman de MAZARINE Pingeot, et pas seulement parce que j'ai un préjugé amicalement favorable à l'auteur. Non, j'ai été vraiment séduit par la fragilité psychologique et sentimentale de l'héroïne du livre, une jeune étudiante de La Sorbonne au début des années 80, écartelée entre ses parents , pieds noirs rapatriés d'Algerie aux tendances politiques de droite extrême et son amoureux, réfugié politique argentin, victime de la dictature de Videla dont on devine que les convictions sont aux antipodes de l'échiquier politique. Réfugié politique d'extrême gauche venu d'Amérique du Sud contre réfugiés politiques d'extrême droite venus d'Algérie. On peut trouver que ce parallèle est un peu facile, mais il fonctionne bien parce qu'il n'est pas lourdement souligné . La liaison de Thea avec cet argentin va , évidemment , l'éloigner de ses parents avec lesquels elle était déjà au bord de la rupture depuis longtemps. Mais la rupture inévitable avec ce réfugié qui ne rêve que de retourner dans son pays  lui permettra de découvrir ses parents. C'est bien écrit, c'est subtile et fin. C'est un beau livre.





Lu " Celle qui fuit et celle qui reste" , troisième tome de " l'ami prodigieuse" de Elena Ferrante, paru chez Gallimard,  traduit de l'italien par Elsa Damien . J'avais tellement aimé les deux premiers tomes ! Le charme envoûtant de cette écriture, cette merveilleuse histoire de femmes du Sud de l'Italie et des quartiers populaires de Naples, enfance puis adolescence, m'avaient tant séduit ! Je craignais un retour de manivelle, un essoufflement, une saturation , que sais-je ? Eh bien non, le troisième tome , celui des femmes mûres, des mariages et des maternités, est à l'image de deux premiers ! Avec , peut-être quelque chose en plus : l'approche de la féminité, des personnalités féminines, des psychologies féminines ...avec un zeste de féminisme fort bienvenu. Non , franchement, je vais vous dire : j'attends le quatrième tome avec impatience ..


Un dernier mot : le pseudo journaliste qui , ne respectant pas la volonté d'incognito de Elena Ferrante, et à coup d'inquisition fiscale, a cru dévoiler ce secret, n'est pas seulement un goujat. C'est un imbecile inculte qui ne comprend rien à la volonté d'une auteure qui a la prétention de croire que sa personne n'apporterait rien de plus à son œuvre. On peut le discuter, mais d'abord on doit le respecter.

jeudi 2 février 2017


Pourquoi ne me suis-je pas précipité pour commenter les résultats des primaires ?

Parce que tout le monde se précipite.

Et parce que je pense que la précipitation est mauvaise conseillère.



Et trois ou quatre jours après, j'ai encore besoin de réfléchir. Mais je sais que je respecterai toujours deux ou trois principes simples :



- d'abord, le premier des devoirs d'un démocrate, c'est de respecter le suffrage citoyen. Celui-ci a choisi BENOIT HAMON, respect et bonne chance à lui. J'ai déjà dit et écrit que j'avais beaucoup plus d'estime, de respect et d'amitié pour l'homme, qui est un homme bien, que pour son programme, et je ne tournerai pas ma veste, mais je reconnais qu'il a réussi un très beau parcours dans cette primaire, et en particulier qu'il s'est élevé d'un cran lors du débat de second tour.



- ensuite comprendre. Comprendre la débâcle du quinquennat de HOLLANDE spectaculairement symbolisée par ce vote : un " frondeur" couronné... après son renoncement à concourir, je serais curieux de savoir comment le Président analyse ce  résultat. Pas facile. Moi, je cherche à comprendre comment BENOIT HAMON peut être l'enfant de HOLLANDE... car il l'est, de fait.



-enfin, réfléchir aux conséquences de ce vote. Pas seulement pour l'élection présidentielle, on les devine et, de toutes façons, on saura vite, mais surtout pour l'avenir de la Gauche et du Parti Socialiste.


Pas  gaie l'histoire.... Il paraît que notre Parti, le mien depuis 43 ans, a toujours un premier secrétaire ! C'est une blague ?