lundi 28 novembre 2016

Un week-end tranquille sur le terrain des Hautes-Pyrénées

Un week-end tranquille sur le terrain des Hautes-Pyrénées au contact de mes concitoyens et pour me mettre à jour de mon courrier et de mes dossiers :
- Visite aux salariés en lutte – et en grève – de la clinique privée de l'ORMEAU à Tarbes. Le grand groupe privé, Médipôle, qui a acheté cette clinique il y a 2 ans, est concentré désormais sur la recherche du profit. Les conditions de travail et les relations sociales se sont lentement mais sûrement dégradées. Jusqu'à cette explosion. Ma solidarité est totale avec ces personnels qui n'en peuvent plus et le disent.
- Bonnefont, 354 habitants, dans le canton de Trie-sur-Baïse et du Magnoac. Samedi, on y inaugurait une salle des fêtes bien belle, face à l'école communale et à proximité d'un foyer pour enfants handicapés mentaux. Les services publics en milieu rural concrétisent cette « modernité rurale » que bien des urbains ignorent. Et nous étions nombreux, samedi matin dans ce petit village pour y témoigner d'une République rurale bien dynamique, accrochée à ses valeurs.
- Où l'on apprend que « la plus grande démocratie du monde », les USA, ont élu Président, celui qui a recueilli 2 millions de voix de MOINS que sa concurrente.
Et on appelle ça démocratie ??
Et personne ne dit rien ?
- J'aime CUBA, l'île musicale et son peuple si simple et si chaleureux, Cuba où j'ai séjourné à plusieurs reprises.
Cuba me manque d'ailleurs …
Et je n'avais que 10 ans quand la révolution cubaine a porté Castro au pouvoir.
Plus tard, j'ai apprécié que cette révolution ait mis fin à une dictature épouvantable qui avait transformé l'île en casino-bordel pour les touristes américains riches et pervertis.
Mais Fidel a remplacé une dictature par une autre et si il y eut de belles avancées en matière d'Education et de Santé, les atteintes aux libertés et aux droits de l'Homme étaient insupportables. Et, au fond, les américains ont rendu un fier service à Fidel avec leur embargo qui « victimisait » le peuple cubain et le « coalisait » autour de son leader maximo.
Fidel s'en va avec son bilan éminemment critiquable et mes pensées vont au peuple cubain : Quand retrouvera-t-il libertés et prospérité ?
- Vu « Alliés », le film de ZEMECKIS avec Marion Cotillard et Brad Pitt. Deux acteurs magnifiques, un scénario pathétique dans le monde des agents secrets pendant la seconde guerre mondiale. Un très beau film.
- Fillon sera donc le candidat de la Droite à l'élection présidentielle. Et l'on s'étonne qu'une primaire de Droite ait permis aux électeurs, de Droite, de désigner un candidat de Droite, avec un programme de Droite !
Et pendant ce temps, la Gauche n'en finit pas de se diviser, de se déliter, de s'effilocher ...

lundi 21 novembre 2016

Quelques réflexions politiques après le premier tour de la primaire de la droite

- d'abord un motif de réjouissance avec cette belle participation citoyenne. Que voulez-vous, en ces temps d'incivisme triomphant, cet engagement collectif a quelque chose qui redonne confiance dans la démocratie.

- ensuite, une pensée pour Alain Juppé : une fois encore, une fois de plus, la preuve semble faite que le favori des sondages à un an de l'élection ne sera jamais élu. C'est terrible pour lui et pour tous ceux qui le voyaient élu, mais avant l'heure, ce n'est pas l'heure.

- Sarkozy éliminé. Tant mieux. Non pas parce qu'il est de droite, ses concurrents l'étaient tout autant, mais parce qu'il a trop bousculé et violé la République. Fillon et Juppé sont de droite aussi, conservateurs assurément, réactionnaires parfois, mais ils ont un fond républicain, une culture de la République qu'on ne peut pas nier. Et qu'ils aient éliminé Sarkozy n'est pas une moindre affaire. Tant mieux. Ca, c'est fait.

- Reste l'essentiel : il y a une forte chance qu'au deuxième tour de l'élection présidentielle, celui de ces deux-là qui sera le candidat de la droite soit opposé à madame " La peine" comme la surnomme un de mes amis dont l'humour n'est pas le moindre défaut. Et, évidemment, nous serons appelés à nouveau au rendez-vous républicain. Sauf qu'il y a le souvenir de 2002, quand tous les responsables de gauche, après l'élimination de JOSPIN au premier tour se précipitaient dans les télés pour appeler à voter Chirac. Sans condition. Et avec les conséquences que l'on sait : sitôt élu Président, avec sans doute une majorité de voix de gauche, Chirac leur fit, nous fit un pied de nez. Il ne faudra pas recommencer cette mauvaise plaisanterie. Il faudra voter les yeux ouverts et poser des conditions. Républicaines. Nous en reparlerons si l'occasion se présente.

Suite de mes lectures

- lu encore " Un Attentat " de Jean-Noël JEANNENEY paru au Seuil. J'ai déjà écrit, ici, l'amitié et même l'affection que je porte à Jean-Noël JEANNENEY, que j'ai croisé souvent dans ma vie politique, avec lequel je partage ce qu'on peut appeler des connivences politiques et intellectuelles, à quoi s'ajoute l'admiration que j'éprouve pour cet historien hors pair. L'attentat qu'il aborde ici, c'est celui du Petit Clamart du 22 août 1962, quand un commando dirigé par le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, tenta d'assassiner le général De Gaulle. Avec la méticulosité de l'historien et après, bien entendu, un gros travail de recherche, on découvre pas seulement les faits mais aussi les parcours des 14 membres du commando, les milieux dont ils sont issus, l'OAS bien sûr, l'enquête, le procès etc... Mais aussi les conséquences politiques puisque l'auteur avance la thèse selon laquelle cet épisode a accéléré la décision du Général d'instaurer l'élection du Président au suffrage universel. Et il ouvre des débats, 54 ans après, sur la peine de mort, le droit de grâce présidentielle, les lois et les tribunaux d'exception, la capacité des sociétés démocratiques à restreindre les libertés publiques quand la menace est trop violente, ou bien encore le rôle joué par l'intégrisme religieux dans la violence politique. L'éclairage du présent par l'histoire comme forme incontournable de la culture politique.

- lu toujours " Dieu n'habite pas La Havane " de Yasmina KHADRA , paru chez Julliard. Je suis un fidèle lecteur de l'écrivain-ancien flic algérien, qui m'a habitué à voyager dans la violence terroriste de l'Orient, lointain comme l'Afghanistan, ou plus proche comme au Liban ou en Libye. Et là, nouveauté, Khadra nous emmène à Cuba, pour une histoire d'amour entre un chanteur de rumba sur le retour et une jeune femme "exilée de l'intérieur" aussi belle que violente. Très belle et très violente. Le tout au cœur d'une ville pauvre, d'une économie étatisée, aux privatisations déroutantes, des habitations familiales surpeuplées et des solidarités spontanées, des rues dangereuses et des nuits agitées. L'amour violent dans un environnement violent. Mais aussi aux rythmes envoûtants de la musique cubaine, celle dont les notes volent dans les rues, celle dont les chants sont sur toutes les lèvres. Et ça fonctionne très bien.


- "Petit pays" de Gaël Faye, paru chez Grasset est un livre beau, triste et bouleversant. Il raconte la destinée tragique d'une famille franco-burundaise, à Bujumbura dans les années 90. Époque marquée par l'épouvantable guerre entre Hutus et Tutsies et le génocide qu'elle a provoqué, tant au Rwanda qu'au Burundi. À travers le récit du jeune garçon de cette famille tragiquement décimée, on voit la barbarie de la guerre remplacer peu à peu l'innocence des jeux d'enfants et la naissance d'une blessure épouvantable qui saigne et ne cicatrisera jamais. Pathétique ouvrage, ce roman est un témoignage historique. Âmes sensibles ou amateurs de légèreté, s'abstenir.


- J'ai passé de très longs et bons moments avec " Les frères Karamazov " de Fedor Dostoievski. Ce monument de la littérature russe du 19ème siècle représentait pas moins de 1700 pages dans l'édition électronique que j'avais emportée sur ma tablette. Mais quel régal ! Oublions les trois frères Karamazov, Dimitri, le paradeur qui ressemble tant à son père que tout les oppose, Ivan le sentimental chevaleresque et Aliocha, le mystique généreux, oublions leur père vulgaire et nouveau riche, cette petite ville russe du milieu du 19ème siècle et cette intrigue autour d'un présumé parricide s'achevant sur un procès pathétique. Retenons surtout de beaux développements sur la place de la religion dans la société russe du 19ème, tant du point de vue d'un athéisme naissant que de celui d'un militantisme chrétien qui se veut éclairé et qui ne l'est pas toujours ... Et retenons surtout cette leçon de littérature appliquée et vivante qui nous est donnée par Dostoïevski : tout au long de l'ouvrage, prenant la distance nécessaire par rapport à son récit, comme s'il était un commentateur extérieur d'un fait divers plutôt que " l'inventeur " de l'histoire, et s'adressant directement au lecteur, il lui explique comment il construit son ouvrage et pourquoi il procède de la sorte. C'est passionnant. Et c'est de la très grande littérature.

- J'ai relu avec délectation " La porte étroite " d'André Gide, aux éditions Mercure de France, que j'avais lu adolescent et dont j'ai beaucoup mieux profité cette fois-ci. Le livre date de 1909 et n'a pas pris une ride comme toute œuvre littéraire de qualité. Quelle belle écriture ! Quel vocabulaire et quelle syntaxe ! Et quels beaux sentiments... Les amours éperdus, éperdus et perdus, de Jérôme et sa cousine Alissa, amours d'enfance nés dans la demeure familiale proche du Havre, amours d'adolescence, d'adultes, amours de toute une vie. Mais amours tourmentés bien que partagés en termes de sentiments mais jamais traduits dans une vie partagée. Car Alissa, mue par un engagement mystique et religieux, pense qu'il y a, pour eux, quelque chose de "meilleur" que l'amour. La vertu portée plus haut que l'amour. Une vertu admirable mais bien peu épanouissante... Un très, très beau livre que je relirai encore.

- "Comme une respiration" de Jean Teulé, paru chez JUILLARD. Quarante petites nouvelles, faites de souvenirs autobiographiques ou de l'imagination créatrice de l'auteur, pour quarante histoires de destins ordinaires. Teulé nous a prouvé par le passé qu'il pouvait faire mieux que ça.

Suite de mes lectures

- lu encore " Un Attentat " de Jean-Noël JEANNENEY paru au Seuil. J'ai déjà écrit, ici, l'amitié et même l'affection que je porte à Jean-Noël JEANNENEY, que j'ai croisé souvent dans ma vie politique, avec lequel je partage ce qu'on peut appeler des connivences politiques et intellectuelles, à quoi s'ajoute l'admiration que j'éprouve pour cet historien hors pair. L'attentat qu'il aborde ici, c'est celui du Petit Clamart du 22 août 1962, quand un commando dirigé par le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, tenta d'assassiner le général De Gaulle. Avec la méticulosité de l'historien et après, bien entendu, un gros travail de recherche, on découvre pas seulement les faits mais aussi les parcours des 14 membres du commando, les milieux dont ils sont issus, l'OAS bien sûr, l'enquête, le procès etc... Mais aussi les conséquences politiques puisque l'auteur avance la thèse selon laquelle cet épisode a accéléré la décision du Général d'instaurer l'élection du Président au suffrage universel. Et il ouvre des débats, 54 ans après, sur la peine de mort, le droit de grâce présidentielle, les lois et les tribunaux d'exception, la capacité des sociétés démocratiques à restreindre les libertés publiques quand la menace est trop violente, ou bien encore le rôle joué par l'intégrisme religieux dans la violence politique. L'éclairage du présent par l'histoire comme forme incontournable de la culture politique.

- lu toujours " Dieu n'habite pas La Havane " de Yasmina KHADRA , paru chez Julliard. Je suis un fidèle lecteur de l'écrivain-ancien flic algérien, qui m'a habitué à voyager dans la violence terroriste de l'Orient, lointain comme l'Afghanistan, ou plus proche comme au Liban ou en Libye. Et là, nouveauté, Khadra nous emmène à Cuba, pour une histoire d'amour entre un chanteur de rumba sur le retour et une jeune femme "exilée de l'intérieur" aussi belle que violente. Très belle et très violente. Le tout au cœur d'une ville pauvre, d'une économie étatisée, aux privatisations déroutantes, des habitations familiales surpeuplées et des solidarités spontanées, des rues dangereuses et des nuits agitées. L'amour violent dans un environnement violent. Mais aussi aux rythmes envoûtants de la musique cubaine, celle dont les notes volent dans les rues, celle dont les chants sont sur toutes les lèvres. Et ça fonctionne très bien.


- "Petit pays" de Gaël Faye, paru chez Grasset est un livre beau, triste et bouleversant. Il raconte la destinée tragique d'une famille franco-burundaise, à Bujumbura dans les années 90. Époque marquée par l'épouvantable guerre entre Hutus et Tutsies et le génocide qu'elle a provoqué, tant au Rwanda qu'au Burundi. À travers le récit du jeune garçon de cette famille tragiquement décimée, on voit la barbarie de la guerre remplacer peu à peu l'innocence des jeux d'enfants et la naissance d'une blessure épouvantable qui saigne et ne cicatrisera jamais. Pathétique ouvrage, ce roman est un témoignage historique. Âmes sensibles ou amateurs de légèreté, s'abstenir.


- J'ai passé de très longs et bons moments avec " Les frères Karamazov " de Fedor Dostoievski. Ce monument de la littérature russe du 19ème siècle représentait pas moins de 1700 pages dans l'édition électronique que j'avais emportée sur ma tablette. Mais quel régal ! Oublions les trois frères Karamazov, Dimitri, le paradeur qui ressemble tant à son père que tout les oppose, Ivan le sentimental chevaleresque et Aliocha, le mystique généreux, oublions leur père vulgaire et nouveau riche, cette petite ville russe du milieu du 19ème siècle et cette intrigue autour d'un présumé parricide s'achevant sur un procès pathétique. Retenons surtout de beaux développements sur la place de la religion dans la société russe du 19ème, tant du point de vue d'un athéisme naissant que de celui d'un militantisme chrétien qui se veut éclairé et qui ne l'est pas toujours ... Et retenons surtout cette leçon de littérature appliquée et vivante qui nous est donnée par Dostoïevski : tout au long de l'ouvrage, prenant la distance nécessaire par rapport à son récit, comme s'il était un commentateur extérieur d'un fait divers plutôt que " l'inventeur " de l'histoire, et s'adressant directement au lecteur, il lui explique comment il construit son ouvrage et pourquoi il procède de la sorte. C'est passionnant. Et c'est de la très grande littérature.

- J'ai relu avec délectation " La porte étroite " d'André Gide, aux éditions Mercure de France, que j'avais lu adolescent et dont j'ai beaucoup mieux profité cette fois-ci. Le livre date de 1909 et n'a pas pris une ride comme toute œuvre littéraire de qualité. Quelle belle écriture ! Quel vocabulaire et quelle syntaxe ! Et quels beaux sentiments... Les amours éperdus, éperdus et perdus, de Jérôme et sa cousine Alissa, amours d'enfance nés dans la demeure familiale proche du Havre, amours d'adolescence, d'adultes, amours de toute une vie. Mais amours tourmentés bien que partagés en termes de sentiments mais jamais traduits dans une vie partagée. Car Alissa, mue par un engagement mystique et religieux, pense qu'il y a, pour eux, quelque chose de "meilleur" que l'amour. La vertu portée plus haut que l'amour. Une vertu admirable mais bien peu épanouissante... Un très, très beau livre que je relirai encore.

- "Comme une respiration" de Jean Teulé, paru chez JUILLARD. Quarante petites nouvelles, faites de souvenirs autobiographiques ou de l'imagination créatrice de l'auteur, pour quarante histoires de destins ordinaires. Teulé nous a prouvé par le passé qu'il pouvait faire mieux que ça.

Suite de mes lectures

- lu encore " Un Attentat " de Jean-Noël JEANNENEY paru au Seuil. J'ai déjà écrit, ici, l'amitié et même l'affection que je porte à Jean-Noël JEANNENEY, que j'ai croisé souvent dans ma vie politique, avec lequel je partage ce qu'on peut appeler des connivences politiques et intellectuelles, à quoi s'ajoute l'admiration que j'éprouve pour cet historien hors pair. L'attentat qu'il aborde ici, c'est celui du Petit Clamart du 22 août 1962, quand un commando dirigé par le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, tenta d'assassiner le général De Gaulle. Avec la méticulosité de l'historien et après, bien entendu, un gros travail de recherche, on découvre pas seulement les faits mais aussi les parcours des 14 membres du commando, les milieux dont ils sont issus, l'OAS bien sûr, l'enquête, le procès etc... Mais aussi les conséquences politiques puisque l'auteur avance la thèse selon laquelle cet épisode a accéléré la décision du Général d'instaurer l'élection du Président au suffrage universel. Et il ouvre des débats, 54 ans après, sur la peine de mort, le droit de grâce présidentielle, les lois et les tribunaux d'exception, la capacité des sociétés démocratiques à restreindre les libertés publiques quand la menace est trop violente, ou bien encore le rôle joué par l'intégrisme religieux dans la violence politique. L'éclairage du présent par l'histoire comme forme incontournable de la culture politique.

- lu toujours " Dieu n'habite pas La Havane " de Yasmina KHADRA , paru chez Julliard. Je suis un fidèle lecteur de l'écrivain-ancien flic algérien, qui m'a habitué à voyager dans la violence terroriste de l'Orient, lointain comme l'Afghanistan, ou plus proche comme au Liban ou en Libye. Et là, nouveauté, Khadra nous emmène à Cuba, pour une histoire d'amour entre un chanteur de rumba sur le retour et une jeune femme "exilée de l'intérieur" aussi belle que violente. Très belle et très violente. Le tout au cœur d'une ville pauvre, d'une économie étatisée, aux privatisations déroutantes, des habitations familiales surpeuplées et des solidarités spontanées, des rues dangereuses et des nuits agitées. L'amour violent dans un environnement violent. Mais aussi aux rythmes envoûtants de la musique cubaine, celle dont les notes volent dans les rues, celle dont les chants sont sur toutes les lèvres. Et ça fonctionne très bien.


- "Petit pays" de Gaël Faye, paru chez Grasset est un livre beau, triste et bouleversant. Il raconte la destinée tragique d'une famille franco-burundaise, à Bujumbura dans les années 90. Époque marquée par l'épouvantable guerre entre Hutus et Tutsies et le génocide qu'elle a provoqué, tant au Rwanda qu'au Burundi. À travers le récit du jeune garçon de cette famille tragiquement décimée, on voit la barbarie de la guerre remplacer peu à peu l'innocence des jeux d'enfants et la naissance d'une blessure épouvantable qui saigne et ne cicatrisera jamais. Pathétique ouvrage, ce roman est un témoignage historique. Âmes sensibles ou amateurs de légèreté, s'abstenir.


- J'ai passé de très longs et bons moments avec " Les frères Karamazov " de Fedor Dostoievski. Ce monument de la littérature russe du 19ème siècle représentait pas moins de 1700 pages dans l'édition électronique que j'avais emportée sur ma tablette. Mais quel régal ! Oublions les trois frères Karamazov, Dimitri, le paradeur qui ressemble tant à son père que tout les oppose, Ivan le sentimental chevaleresque et Aliocha, le mystique généreux, oublions leur père vulgaire et nouveau riche, cette petite ville russe du milieu du 19ème siècle et cette intrigue autour d'un présumé parricide s'achevant sur un procès pathétique. Retenons surtout de beaux développements sur la place de la religion dans la société russe du 19ème, tant du point de vue d'un athéisme naissant que de celui d'un militantisme chrétien qui se veut éclairé et qui ne l'est pas toujours ... Et retenons surtout cette leçon de littérature appliquée et vivante qui nous est donnée par Dostoïevski : tout au long de l'ouvrage, prenant la distance nécessaire par rapport à son récit, comme s'il était un commentateur extérieur d'un fait divers plutôt que " l'inventeur " de l'histoire, et s'adressant directement au lecteur, il lui explique comment il construit son ouvrage et pourquoi il procède de la sorte. C'est passionnant. Et c'est de la très grande littérature.

- J'ai relu avec délectation " La porte étroite " d'André Gide, aux éditions Mercure de France, que j'avais lu adolescent et dont j'ai beaucoup mieux profité cette fois-ci. Le livre date de 1909 et n'a pas pris une ride comme toute œuvre littéraire de qualité. Quelle belle écriture ! Quel vocabulaire et quelle syntaxe ! Et quels beaux sentiments... Les amours éperdus, éperdus et perdus, de Jérôme et sa cousine Alissa, amours d'enfance nés dans la demeure familiale proche du Havre, amours d'adolescence, d'adultes, amours de toute une vie. Mais amours tourmentés bien que partagés en termes de sentiments mais jamais traduits dans une vie partagée. Car Alissa, mue par un engagement mystique et religieux, pense qu'il y a, pour eux, quelque chose de "meilleur" que l'amour. La vertu portée plus haut que l'amour. Une vertu admirable mais bien peu épanouissante... Un très, très beau livre que je relirai encore.

- "Comme une respiration" de Jean Teulé, paru chez JUILLARD. Quarante petites nouvelles, faites de souvenirs autobiographiques ou de l'imagination créatrice de l'auteur, pour quarante histoires de destins ordinaires. Teulé nous a prouvé par le passé qu'il pouvait faire mieux que ça.

lundi 7 novembre 2016

Mes dernières lectures

-  Lu  "Cannibales" de Régis Jauffret paru au Seuil. Drôle de roman : une jeune femme de 24 ans vient de rompre avec un homme de trente ans son aîné et elle décide d'écrire à la mère de celui-ci pour s'expliquer de cette rupture. Il s'en suit une correspondance soutenue entre les deux femmes que retranscrit le livre. Parti pris littéraire doublement curieux : d'abord parce que correspondre ainsi avec la mère de son ex-compagnon n'est pas chose usuelle, ensuite parce que cette correspondance entre deux femmes très libres, pour ne pas dire libertines ou libertaires, prend parfois une tournure pour le moins déjantée. Mais il y a des passages extrêmement bien sentis sur les ruptures ou sur les rapports hommes-femmes =. Ca n'est pas le roman du siècle mais ça peut se lire.

- J'ai beaucoup apprécié "Génie de la laïcité" de Caroline FOUREST, paru chez Grasset et qu'elle a eu l'amitié de m'offrir dédicacé. Une vraie complicité intellectuelle, philosophique et politique me lie à Caroline FOUREST, qui est une femme courageuse et clairvoyante. De ce plaidoyer convaincant, présentant la laïcité "comme un bouclier et non pas comme un glaive", je retiendrai surtout cette approche parallèle et différenciée des cultures américaines et françaises sur la place des religions - où j'ai appris que l'ambassade américaine à Paris soutenait et semble soutenir encore des mouvements communautaristes, même si ceux-ci flirtent parfois avec l'intégrisme radical...-, ou bien cette présentation pédagogique du débat qui sévit à gauche entre "républicains" et " démocrates" sur ce sujet si majeur pour l'avenir de notre société. Républicains laïques, lisez ce livre pour affermir encore vos convictions !

- Lu encore "chanson douce" de Leila Slimani paru chez Gallimard, une beau roman de la littérature contemporaine. Une histoire très actuelle, celle d'un jeune couple de bobos parisiens avec deux très jeunes enfants, qui embauche une "nounou" afin de ne pas sacrifier la vie professionnelle de la femme. La nounou est, miracle, une recrue de choix qui est vite adoptée par les deux enfants, puis par l'ensemble de la famille et même par leurs amis qui profitent aussi de ses talents culinaires. Elle devient membre de la famille à part entière. Mais c'est une femme seule, veuve, endettée, qui vit dans un meublé glauque en grande banlieue et qui commence à s'angoisser de devoir, un jour, quitter cette famille et ces enfants qu'elle aime tant. Cette dérive psychologique, très bien décrite, finira en drame. Ca n'est pas gai. C'est même épouvantablement triste, mais c'est tellement actuel et vivant que ça donne, je le répète, un très beau livre, plein de sensibilité.

- "Comment on en est arrivé là ?" de Michèle Cotta, chez Robert Laffont. Ce livre-là, je ne l'ai pas lu du début à la fin, mais j'ai dû m'y plonger : un de mes amis l'avait emporté pour notre voyage et me l'a tendu en me disant : "Je ne te conseille pas de le lire car c'est très mauvais mais regarde les passages qui te concernent car elle te dezingue sévèrement". C'est curieux ce genre de journalisme politique, si peu scrupuleux...me démolir, après tout, c'est bien son droit et sa liberté. Et même sa méchanceté, dont évidemment, on peut bien se passer, ne regarde qu'elle : ce genre de sentiment, surtout gratuit, ne relève pas de l'honorable. Mais c'est sur le fond des choses que ces écrits m'ahurissent : elle me trouve "médiocre" parce qu'après les dernières élections municipales largement perdues par la gauche, j'avais fait une déclaration - pourtant très retenue ! Bien plus retenue que bien des dirigeants politiques de gauche ...- pour interpeller le pouvoir sur la désertion des urnes par le peuple de gauche, comme si cette contribution à tirer les leçons de ce scrutin était médiocre par essence...; elle me trouve "odieux" parce que, au fond, après avoir été le directeur de la campagne de Lionel Jospin lors de la présidentielle de 2002 , je n'aurais qu'un droit, celui de me taire puisque je serais le principal responsable de cet échec ... la victoire de Chirac, tout le monde s'en souvient, n'avait qu'un responsable : Antoine Rufenacht, son directeur de campagne. Dérisoire. Enfin, elle me trouve "couillon" pour avoir interrogé le gouvernement lors d'une séance de questions à l'Assemblée, après les attentats de novembre 2015, sans savoir - il eût fallu se renseigner !- que je l'avais fait à la demande du gouvernement et comme si c'était moi qui avais fait déraper l'attitude de la Droite dans l'hémicycle ...
Bref, sur le fond des choses, ce livre ne révèle rien d'intéressant si ce n'est les compte-rendus de dizaines, centaines de déjeuners de l'auteure avec le "tout Paris" politique.
Mais c'est un livre de règlements de comptes personnels. J'ai écrit il y a peu qu'il y avait des journalistes qui tiraient le débat politique vers le haut et d'autres vers le bas . Il y a aussi le très bas.

mercredi 2 novembre 2016

Les lois naturelles de l'enfant, de Céline Alvarez


Les vacances de la Toussaint et une petite traversée transatlantique à la voile m'ont permis de beaucoup lire. J'ai donc découvert avec un régal inégal mais toujours avec la même passion de la lecture :




 " Les lois naturelles de l'enfant " de Céline Alvarez paru aux éditions Les Arènes. Céline Alvarez est une enseignante qui a exercé  son beau métier pendant plusieurs  années dans une école maternelle de Gennevilliers, en zone d'éducation prioritaire, où elle a mis en œuvre une méthode pédagogique très innovante avec des résultats assez exceptionnels. Cette méthode est directement tirée des travaux du Docteur  Maria Montessori, bien connue des pédagogues, enrichis d'apports plus récents des chercheurs en neurosciences et repose sur un constat simple : l'enfant, en très bas âge est prédisposé, bien plus et bien mieux qu'un adulte, à apprendre. Les connexions de son cerveau sont en croissance exponentielle et facilitent l'apprentissage pour peu qu'on les accompagne plutôt que de les contrarier. Cela suppose parcours individuels, entretien de l'enthousiasme,  vie en groupe, mélange des âges, bienveillance etc… Je ne veux pas déformer la méthode à trop la résumer. Celine Alvarez a eu un très bel accueil des médias, a défaut d'avoir celui de l'administration de l'Education Nationale, et un beau succès de librairie. Signes d'une influence grandissante ? En tout cas, c'est très convaincant.