mardi 24 décembre 2013

Réflexions sur la décision du Conseil d'Etat concernant les accompagnatrices de sorties scolaires


Le Conseil d’Etat, notre plus haute juridiction administrative, a le chic pour nous livrer comme ça des « cadeaux de Noël », histoire de mettre un pavé dans la mare et de déclencher toutes les réactions les plus politiciennes, les plus désordonnées, les plus contradictoires…
Ainsi en est-il de sa décision du lundi 23 décembre sur les accompagnatrices de sorties scolaires…

Faisons un peu de pédagogie :

La laïcité qui protège la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes, se traduit par la séparation des églises et de l’Etat et la neutralité de celui-ci.
A ce titre, elle organise l’espace d’une façon différenciée : l’espace privé, le domicile par exemple, n’est pas du tout laïque, si ce n’est pour le respect des droits de l’homme, ce qui n’est déjà pas mal ; l’espace public, la rue par exemple, est un peu plus laïque puisque la manifestation de ses croyances religieuses est soumise à l’ordre public ; les services publics sont plus laïques encore puisque les agents (et non les usagers !) des services publics ne doivent manifester aucun signe d’appartenance à une religion ; l’école – publique ! -, enfin, est la plus laïque des services publics puisqu’on y protège scrupuleusement les consciences des enfants.

Question : des mères voilées peuvent-elles être accompagnatrices de sorties scolaires et donner ainsi un « coup de main » aux enseignants pour surveiller les enfants dans la rue par exemple ?

Et voilà le pavé dans la mare ! Car on se trouve là à la frontière de deux espaces, l’espace scolaire où doit régner la stricte neutralité et l’espace public où seul l’ordre public fixe des limites au port de signes religieux.

Oui, mais diront certains participer à une sortie scolaire, c’est participer à un acte éducatif. Donc, neutralité !
Oui, mais disent d’autres, apporter son dévouement bénévole au bon fonctionnement du service public hors l’école, ça mérite qu’on tende la main.

Pour tout dire les uns et les autres ont raison.

Alors trois réflexions pour éclairer le débat :

1 – Le plus détestable dans l’avis du Conseil d’Etat, c’est la porte qu’il ouvre au traitement du problème « au cas par cas ». On viendrait dire qu’on accepterait le port du voile pour les accompagnatrices des sorties scolaires là et qu’on le refuserait ici ? Impossible. La République est une et indivisible. Il faut une règle univoque.

2 – Le récent débat autour du pseudo rapport sur l’intégration a fait beaucoup de dégâts : ainsi si on autorise le port du voile pour les accompagnatrices, on va être accusées de s’inscrire dans la logique de ce rapport et de tout céder au multiculturalisme. Les dégâts sont en chaine.

3 - Je demande de la cohérence au gouvernement, or dans une autre affaire, dite « Leonarda », celui-ci a sanctuarisé l’école et les transports scolaires ! Une piste pour la solution ?

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